– Je sais, je ne suis pas parfait, mais ne vous en faites pas, je me soigne.
– Pas aux antidépresseurs tout de même ?
– Non, ne vous inquiétez pas. Ceux-là, je les réserve plutôt aux mauvaises nouvelles.
– Vous en percevez beaucoup ?
– Comme tout le monde, Cher Monsieur, puisque j’ai la télévision. Que voulez-vous : le monde ne tourne pas rond et les gens ne pensent plus droit! Heureusement, il y a la publicité pour nous faire rêver et les émissions de variétés pour nous offrir une autre perspective. Ah comme j’aurais voulu être un artiste…
– Je croyais que vous étiez satisfait de votre travail ?
– Moi oui, mais pas mes "petits chefs". Ils ont encore augmenté la pression et je ne tiens pas à passer pour un incapable. Il va me falloir travailler plus pour être plus…
Ce dialogue surréaliste illustre quelques un des travers de notre société. Entre les rêves générés par le marketing « parce que je le vaux bien » et les pressions du monde économique pour être « toujours plus performant », complexes et frustrations se multiplient… au détriment, naturellement, de notre sérénité !
A trop regarder vers ceux qui ont "plus" ou paraissent "plus", à trop fantasmer sur la notion de performance ou de perfection , à trop attendre des autres qu’ils se comportent "idéalement", nous prenons le risque de la comparaison et donc au final du mal-être. Car ces notions n’ont de sens qu’en présence d’un autre et nous ne pourrons jamais contrôler autrui.
Cet ouvrage vous invite à abandonner ces chimères, à laisser le bonheur et les autres tranquilles et à vous concentrer plutôt sur ce que vous pouvez véritablement contrôler : votre bien-être et votre interprétation du paysage !
« A défaut de modifier le monde, je modifie ma perception du monde » a écrit Jean-Paul Sartre. Si nous ne pouvons pas changer les événements ou le comportement des autres, nous avons le loisir – du moins dans une certaine mesure – d’en modifier notre perception. Je ne suis pas responsable du monde dans lequel je suis né mais je suis globalement responsable de la vision du monde dans lequel j’évolue.
Le monde prend goût à mon contact et c’est une excellente nouvelle car cela m’ouvre la perspective de la sérénité. Je peux me morfondre de chaque contrariété ou devenir adepte du lâcher prise. Je peux être bringuebalé au gré du vent ou prendre la posture du roseau, qui plie mais ne se brise pas. Je peux réagir mécaniquement à chaque stimulus ou prendre le parti de l’action consciente. Ce faisant, je ne serais pas moins heureux lorsque subviendront des circonstances favorables – au contraire ! – mais je serais nettement moins affecté par les événements douloureux qui parsèment l’existence.
Est-ce à dire que je pourrais tout contrôler ? Evidemment non. Heureusement non. Il y aura toujours des événements plus forts que notre sérénité. Et il y aura aussi de nécessaires moments d’abandon.
Comment atteindre la sérénité ? S’isoler ou se couper de la société serait sans doute la méthode la plus simple mais elle ne m’apparaît pas – du moins sur le long terme – comme une attitude très digne ou responsable. Le destin a voulu que nous naissions dans un cadre et un contexte spécifique et c’est dans cet environnement – somme toute relativement privilégié quoique soumis aux aléas médiatiques et consuméristes – qu’il conviendra d’apprendre à vivre du mieux possible. Tel est le challenge de l’existence, tel est notre devoir d’homme libre: être le plus serein possible, là où nous sommes, dans l’instant présent !
La sérénité est une force intérieure qui illumine. Elle permet à la fois un meilleur contrôle de notre esprit et une plus belle attention à la vie. « Commençons donc par nous appartenir à nous-mêmes » conseillait Sénèque. En parallèle avec le « connais-toi toi-même » de Socrate, c’est à cela que nous convie l’exercice de la sérénité : une vie plus intense et plus riche… mais aussi plus personnelle. Nous avons le choix !
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